L’origine de SONEL se trouve dans les difficultés constatées par les programmes internationaux à obtenir les observations des marégraphes côtiers français, difficulté qui provient autant de la diversité des appareils employés que de leur application première, des organismes en charge de leur opération, de leurs statuts, et de leur vocation. L’objectif scientifique de ces programmes internationaux est d’observer et de comprendre les évolutions des composantes du niveau de la mer. A l’échelle mondiale, il s’agit du programme GLOSS de la Commission Océanographique Internationale (COI/IOC) de l’UNESCO, initié en 1985, et pour lequel la contribution française était initialement de quinze marégraphes (cliquer sur la carte ci-jointe).
Jusque 2010, force était pourtant de constater que peu de sites français remplissaient les critères du programme mondial GLOSS (IOC 2006, pp.52). La philosophie derrière le développement de ce programme étant celle du « best effort » et de la participation volontaire, celle-ci connaît des limites. Elle se heurte en particulier aux moyens qui sont attribués aux organismes qui opèrent ces stations, moyens a priori cohérents avec les missions opérationnelles qui sont inscrites dans leurs statuts, mais qui sont souvent moins exigeantes en termes de métrologie que ne peut l’être l’étude des changements climatiques du niveau de la mer ou le contrôle ‘in situ’ des altimètres radar embarqués sur satellite.
En 2002, les principaux organismes acteurs ont cependant compris que le patrimoine qu’ils gèrent dépasse parfois leurs missions (sites d’observation parfois centenaires). C’est le cas par exemple de Brest (SHOM) ou de Marseille (IGN). Des efforts sont alors accordés mais leur intérêt demeure éloigné des préoccupations des chercheurs, et leur réactivité à maintenir les éléments de ces stations au niveau spécifié par leurs programmes, ou à ajouter un complément, est parfois trop long. Le passage du SHOM en Etablissement Public en mai 2007 et l’extension de ses missions au soutien des politiques publiques maritimes ont ouvert de nouvelles perspectives pour la prise en compte de toutes les applications des mesures de hauteur d’eau, aussi bien dans l’observation que dans la diffusion des données, de même que dans la prise en charge d’une coordination nationale de la marégraphie s’appuyant sur l’existant (SONEL, ROSAME...). Cette ouverture sera renforcée en 2010 par l’instruction du Premier Ministre du 20 avril 2010.
Certaines stations sont en revanche directement sous responsabilité des chercheurs. C’est le cas aujourd’hui des stations du réseau ROSAME, mis en place par le LEGOS avec le soutien de l’INSU, mais dont la maintenance comporte des difficultés importantes inhérentes à l’environnement particulièrement hostile des terres antarctiques et australes françaises (Crozet, Dumont d’Urville, Kerguelen et Saint-Paul).