Les premières campagnes GPS de rattachement des marégraphes dans un système de référence terrestre mondial ont vu le jour il y a environ dix ans maintenant, en particulier très tôt en France et en Angleterre, 1986, dans le but de déterminer le biais entre les surfaces de référence des systèmes d'altitudes respectifs, NGF-IGN69 et ODN [Willis et al, 1989]. Depuis, les expériences se sont multipliées en Europe comme en témoigne l'inventaire ci-dessous que nous avions effectué en 1994 dans l'objet de définir un réseau de marégraphes de base en Europe [Boucher et Wöppelmann, 1994-b].
* La Manche 1986 (OSGB, IGN)
1 Campagne, 1986
12 Marégraphes observés en France et en Angleterre
[Willis et al, 1989]
* EUROGAUGE (IESSG, IAGE, IGNE, IGNF, IGCP, POL, OSGB, UNT)
2 Campagnes, 1993 et 1994
16 Marégraphes observés en France, Portugal, Espagne et Angleterre
[Baker et al 1992, Carter (Ed) 1994]
* Projet SELF (ETHZ, IFAG, NTUA, POL, Université de Bologne)
2 Campagnes, 1992 et 1993
19 Marégraphes observés en France, Grèce, Italie et
Espagne
[Baker et al 1992, Carter (Ed) 1994]
* Projet hollandais NEREF-MAREO
2 Campagnes, 1990 et 1994
11 Marégraphes observés en Hollande et 1 en Belgique
[Baker et al 1992, Carter (Ed) 1994]
* Projet anglais UKGAUGE (IESSG, POL, OSGB and UK Military Survey)
3 Campagnes, 1991, 1992 et 1993
9 Marégraphes observés
[Baker et al 1992, Carter (Ed) 1994]
* Projet BSL
2 Campagnes, 1990 et 1993
38 Marégraphes observés au Danemark, Estonie, Finlande, Allemagne,
Latvie, Lituanie, Pologne, Russie et Suède
[Kakkuri (Ed.) 1994 et 1995]
* Projet WHAT-A-CAT (DGFI, ETHZ, IGNF, NTUA, Universités de Bologne,
Naples and Bari)
Plusieurs campagnes entre 1987 et 1994
Le réseau comprend au moins 13 marégraphes
[Kahle et al 1993]
* Campagnes françaises en Méditerranée (IGN)
3 Campagnes, 1986, 1988 et 1990
13 Marégraphes en France et Italie
[Boucher, 1991]
La plupart de ces campagnes résultent de l'élan enthousiaste qui suivit le rapport de la CMSLT en 1989 [Carter et al, 1989]. Mais, aujourd'hui, force est de constater que, malgré la volonté d'appliquer les techniques spatiales à la marégraphie et l'intérêt scientifique de leur synergie, peu de résultats ont été diffusés aux utilisateurs, et encore moins sous une forme pratique de base de données complémentaire à celle du PSMSL. Les explications peuvent être multiples, liées en particulier à:
* des techniques nouvelles en essor: incertitudes méthodologiques dans la stratégie d'observation et dans le traitement des données, problèmes instrumentaux, etc.
* l'envergure internationale des projets: problèmes logistiques, coûts élevés, etc.
* la situation géographique des marégraphes qui induit des problèmes spécifiques de modélisation: surcharge océanique, etc.
* la multiplicité des intervenants: marégraphie, nivellement, géodésie spatiale.
Il est d'ailleurs très instructif d'examiner les deux rapports très détaillés qui furent publiés sur les résultats des campagnes du projet baltique [Kakkuri (Ed.), 1994 et 1995]. On comprend aujourd'hui mieux les résultats médiocres obtenus avec le GPS jusque 1990. " Médiocres " vis à vis des résultats théoriques espérés et annoncés dans Carter et al [1989], on peut comprendre que certains instituts ou scientifiques se soient gardés de les faire connaître aux utilisateurs.
Dans les résultats du projet de la mer baltique, on remarque que les sessions journalières de chaque centre de calcul présentent des répétabilités de plusieurs centimètres, de 5 à 10 cm suivant le centre. La comparaison des solutions globales de chacun montre par la suite des écarts moyens de plus de 10 cm [Poutanen, 1994]. Les causes ne semblent pas manquer pour expliquer les discordances observées. D'abord, la qualité des données était nettement moins bonne que prévue. Des sessions entières étaient inexploitables sur de nombreux points, tous les types de récepteurs employés étaient concernés par ce problème. La stratégie de " réseau fixe " en était même compromise, de même que le calcul des orbites des satellites. En outre, les effets systématiques des variations de centre de phase de l'antenne et des mélanges d'antenne sont évoqués dans la plupart des compte rendus de calcul. L'effet des perturbations ionosphériques est également avancé. Notons que l'activité solaire se trouvait alors proche d'un maximum du cycle de onze ans.
Les résultats de la campagne GPS de 1993 indiquent en revanche un accord de 2 à 3 cm sur la composante verticale entre les diverses solutions globales individuelles produites par les différents centres de calcul [Poutanen, 1995]. Zielinski & Zdunek [1995] citent parmi les facteurs qui ont permis cette amélioration: une constellation de satellite plus complète; des observations de meilleure qualité; une ionosphère plus calme; l'amélioration des modèles de traitement des données (version 3.4 du Bernese Software); la disponibilité d'orbites IGS du centre CODE; des meilleures coordonnées du réseau fixe (ITRF93), et un calcul distingué suivant le type d'antenne.