L'appareil est en service depuis février 1885. Les valeurs moyennes journalières, mensuelles et annuelles obtenues à partir des lectures du totalisateur figurent dans des registres de l'IGN. Cependant, à partir de mars 1988, date du départ à la retraite du dernier gardien, les lectures ne sont plus effectuées journellement. Dès lors, seules les moyennes mensuelles et annuelles sont disponibles. Les données présentes dans la banque de données mondiale du PSMSL proviennent bien entendu de ces registres.
Figure A.3 : Série temporelle des moyennes annuelles du niveau de la mer à Marseille par rapport à l'origine NGF-IGN69 du système d'altitude français. Données obtenues du totalisateur.
Le tableau de la figure A.4 présente les moyennes annuelles du niveau de la mer à Marseille entre 1885 et 1995. D'une part, nous avons les données prélevées dans les registres de l'IGN. Les valeurs sont exprimées par rapport au zéro NGF (Lallemand ou IGN69) qui est situé à 1.661 mètres sous le repère de marée [[phi]], plus connu sous le nom de repère fondamental du réseau de nivellement français. D'autre part, la colonne suivante donne les valeurs diffusées par le PSMSL. Elles sont exprimées par rapport à leur référence propre " RLR " qui se trouve à 8.5 mètres sous [[phi]]. La dernière colonne donne les écarts observés. L'unité est le mm. Les valeurs entre parenthèse représentent le nombre de mois qui ont servi à calculer la moyenne lorsque les données de tous les mois n'étaient pas disponibles.
Figure A.4 : Tableau des moyennes annuelles du niveau de la mer à Marseille issues des calculs du totalisateur, et exprimées par rapport à deux références locales différentes, NGF et RLR.
ANNEE NGF RLR ECART ANNEE NGF RLR ECART ANNEE NGF RLR ECART 1885(1 11 6851 6840 1923 30 6870 6840 1961 117 6957 6840 1) 1886 7 6847 6840 1924 34 6874 6840 1962 124 6964 6840 1887 -2 6838 6840 1925 28 6868 6840 1963 156 6996 6840 1888 12 6852 6840 1926 67 6907 6840 1964 112 ---- ---- 1889 2 6841 6839 1927 77 6917 6840 1965 127 ---- ---- 1890 -18 6822 6840 1928 72 6912 6840 1966 147 ---- ---- 1891 -6 6834 6840 1929 31 6878 6847 1967 94 ---- ---- 1892 20 6860 6840 1930 68 6908 6840 1968 120 ---- ---- 1893 13 6854 6841 1931 51 6891 6840 1969 144 ---- ---- 1894 -15 6826 6841 1932 45 6885 6840 1970 108 6948 6840 1895 49 6890 6841 1933 86 6926 6840 1971 111(1 ---- ---- 1) 1896 1 6843 6842 1934 72 6912 6840 1972 128 6968 6840 1897 8 6848 6840 1935 69 6908 6839 1973 88 6928 6840 1898 29 6869 6840 1936 105 6945 6840 1974 91 6930 6839 1899 33 6873 6840 1937 123 ---- ---- 1975 80 6920 6840 1900 66 6906 6840 1938 34 6875 6841 1976 110 6950 6840 1901 53 6893 6840 1939 94 6934 6840 1977 124 6964 6840 1902 54 6894 6840 1940 93 6933 6840 1978 124 6963 6839 1903 26 6866 6840 1941 96 6936 6840 1979 136 6976 6840 1904 38 6878 6840 1942 88 6928 6840 1980 104 6944 6840 1905 22 6862 6840 1943 67 6907 6840 1981 86 6926 6840 1906 21 6861 6840 1944 81 6921 6840 1982 101 6941 6840 1907 15 6854 6839 1945 35 6875 6840 1983 116 6956 6840 1908 2 6842 6840 1946 74 6914 6840 1984 103 6943 6840 1909 14 6855 6841 1947 96 6936 6840 1985(1 108 6948 6840 1) 1910 42 6884 6842 1948 78 6918 6840 1986 108 6947 6839 1911 35 6875 6840 1949 66 6906 6840 1987 125 6965 6840 1912 19 6859 6840 1950 70 6910 6840 1988 109 6949 6840 1913 24 6865 6841 1951 220(x 7060 6840 1989 103 6943 6840 ) 1914 24 6864 6840 1952(1 220(x ---- 1990 109 6949 6840 1) ) ---- 1915 58 6898 6840 1953(1 79(10 ---- 1991 128 6965 6837 0) ) ---- 1916 101 6941 6840 1954 85 6925 6840 1992(7 ---- ---- ) ---- 1917(1 24 6864 6840 1955 146 6986 6840 1993 117 ---- ---- 0) 1918 46 6886 6840 1956 110 6950 6840 1994(7 ---- ---- ---- ) 1919 65 6904 6839 1957 129 6969 6840 1995 127 ---- ---- 1920 43 6883 6840 1958 170 7010 6840 1921 29 6869 6840 1959 176 ---- ---- 1922 50 6889 6839 1960 169 7009 6840
Les écarts entre les données du PSMSL et de l'IGN sont essentiellement dus aux erreurs de troncature et d'arrondi effectués aux diverses étapes de calcul et de transcription. Elles sont de nature accidentelles, et assez rares comme le montre l'histogramme de la figure A.5. L'écart moyen est de 6840 mm et la dispersion autour de cette moyenne est de 0.9 mm. La valeur de 6840 correspond de fait à la différence entre les deux plans de référence NGF et RLR.
Figure A.5 : Histogramme des écarts entre les données annuelles du niveau de la mer diffusées par l'IGN, d'une part, et par la banque mondiale du PSMSL, d'autre part.
Entre parenthèses, le lecteur avisé aura certainement remarqué que la référence RLR se trouvant à 8.5 mètres sous [[phi]], et la référence NGF à 1.661 mètres sous ce même repère, l'écart devrait être 6839 mm et non de 6840 mm. L'explication provient tout simplement du fait que la valeur de 1.6610 mètres correspond à une altitude de type normale, alors que la valeur de 1.6597 mètres, diffusée auparavant, correspond à une altitude de type orthométrique.
Cette vérification était motivée par l'observation de Stemmelin [1995], qui constatait des écarts plus variables et plus importants sur le marégraphe de Brest. L'auteur note en effet que 61% des écarts se trouvent dans un intervalle de [-1;1] mm et 92% dans l'intervalle [-10;10], sans toutefois affecter les études de tendance à long terme. Dans notre cas, nous sommes à 96% dans l'intervalle [-1;1].
Après une longue gestion commune avec le Service des Phares et Balises, le marégraphe de Marseille est désormais sous la seule responsabilité de l'IGN. La série temporelle de données fournie par ce marégraphe est l'une des plus longues dans le monde. De ce fait, le marégraphe de Marseille a attiré l'attention de nombreux chercheurs qui s'intéressent à l'étude des variations à long terme du niveau des mers. Il constitue un des éléments du système de surveillance mondial du niveau des mers, défini en 1985 par la Commission Océanographique Intergouvernementale et connu sous le nom de GLOSS. Mais, le marégraphe de Marseille est également inclus dans de nombreux autres projets d'échelle plus régionale et européenne, tels que EOSS, EPTN, EUVN, SELF...
Son fonctionnement est aujourd'hui loin de répondre aux spécifications internationales en vigueur [IOC, 1990]. Les scientifiques ont besoin de connaître tout le spectre temporel des variations du niveau de la mer. Or, depuis juillet 1987, le marégraphe de Marseille ne trace plus les courbes de marée. De plus, les marégrammes passés ne sont pas exploitables sans une numérisation préalable, longue et fastidieuse, que l'IGN a toutefois démarré récemment sous l'impulsion du Ministère de l'Environnement, avec l'aide incontournable du SHOM, dans le cadre du projet SONEL [Wöppelmann et al, 1996]. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que le marégraphe de Marseille fonctionne depuis 1885. Quelques défauts ont d'ailleurs été mis en évidence lors du dernier étalonnage (cf. chapitre III). Son entretien est délicat, d'autant qu'il repose sur des aspects de mécanique de haute précision qui demandent une maintenance d'un niveau technique que l'IGN n'est plus certain de pouvoir assurer de manière correcte et rapide. Les contrôles de qualité et de performance sont nombreux et ne devraient pas se limiter au simple étalonnage. En toute rigueur, chaque composante de l'appareil nécessite une vérification soignée, et une correction adaptée. Parmi les éléments à surveiller, citons par exemple:
* l'usure des roulettes du totalisateur;
* leur roulement sur le disque horaire sans glissements parasites variables;
* la réduction mécanique d'échelle;
* le parallélisme des axes des roulettes totalisatrices et de la direction du mouvement du chariot porte-roulettes;
* l'usure et l'inextensibilité des fils porteurs. Ces derniers sont de nature et de diamètre bien spécifiques.
* l'étanchéité absolue et permanente du flotteur. Il ne doit en outre pas immerger de plus de 10 centimètres.
Au regard de ces lacunes et difficultés, le CNFGG a émis, lors de son Assemblée Générale du 6 février 1996, la recommandation de remplacer cet appareil centenaire par un marégraphe moderne, numérique, qui enregistre tout le spectre temporel de variations du niveau de la mer. Selon les spécialistes du SHOM et du PSMSL, il est toutefois impératif, dans la mesure du possible, que le nouvel instrument fonctionne en parallèle avec l'ancien pendant une période de recouvrement d'au moins un an. Le CNFGG recommande par ailleurs le suivi géodésique continu des mouvements verticaux des marégraphes de Brest et de Marseille, en y installant des récepteurs GPS permanents.